L’OEIL
C’est l’automne, la température est clémente pour la saison, je marche dans la rue, une douleur sourde envahit mon œil gauche.
C’est une douleur lancinante, un tiraillement interne irradiant vers l’iris.
Néanmoins, j’effectue sans difficulté ma journée de travail, la gène semblant s’estomper.
A contrario, le soir même, le mal s’intensifie, s’étend, tout le globe oculaire est pris.
Des maux de tête l’accompagnent.
Je constate que ma vision se dégrade, le champ visuel est touché, point aveugle et zone floue me gênent. La page de lecture est toute brouillée.
Quelque chose d’étrange se développe, prend corps, grossit nettement dans mon œil.
La tension oculaire semble s’élevée.
Est-ce une hémorragie, une tumeur ? Mon œil va-t-il exploser ? L’angoisse me gagne.
Ma vision diminue encore.
Curieusement, je ressens des déplacements au sein de mon œil.
Cela commence à bouger à l’intérieur, étrange sensation nouvelle.
Parfois je ressens comme une ondulation ou plutôt une torsion, ça pousse sur les parois de l’œil. Les mouvements s’amplifient et ne cessent pas au fil du temps. J’entends de petits bruissements internes.
Une force inconnue gratte et pousse de plus en plus fort.
La sclérotique finit par se déchirer, percée par une petite patte griffue qui apparaît, puis une seconde, et enfin une tête surgit.
Un joli petit alligator sort progressivement de mon œil.
La tension se relâche, je suis enfin soulagé. Je vois parfaitement, fin de l’angoisse !
Eclat blanc, lumière éblouissante, je me réveille allongé sur le dos, il fait frais. Je découvre et distingue précisément le détail de chaque dalle qui couvre le plafond. Le flux des néons jaillit des grilles de plastic blanc. Tout est net .Tournant la tête, j’aperçois quelques compagnons allongés également au cœur de cette salle de réveil.
Je réalise que mon opération de la cataracte s’est parfaitement déroulée. Je n’ai aucune douleur. Tout va bien.
Je me réjouis de bénéficier d’une vision si nette.
La nuit précédent l’intervention, mon rêve du petit alligator mangeur de cristallin, s’est conclu à mon réveil par un grand éclat de rire, apaisant ainsi toutes mes craintes.
PS : Grand merci au Dr P. Nguyen et son équipe pour leur excellent travail.
2 Commentaires
Catherine
Ah je me demandais ce que tu prenais….je comprends mieux !!!!!!!
Michel D
Angoissant à souhait👀